Critique sociale
Les dépenses de luxe répondent au désir de reconnaissance et de différenciation sociale. Non seulement elles apparaissent superflues, futiles et mal utilisées, mais leur caractère ostentatoire stigmatise celui qui par son comportement souhaite se mettre à l’écart de la « norme » et afficher ainsi sa classe sociale. Le propre de la consommation ostentatoire est plus d’« épater la galerie » que répondre à un besoin matériel. On n’achète pas une montre à 200 000 euros pour avoir l’heure précise mais pour se mettre en valeur. D’où ce paradoxe des biens de luxe appelé « effet Veblen » par les économistes : plus leur prix est élevé, plus ils attirent la demande.
Courbe de "l'effet Veblen" : D=Demande, S=Offre (Supply), Q=Quantité et P=Prix
Les stratégies de distinction peuvent s’expliquer sur le plan psychologique en lutte pour la reconnaissance. Cette soif de reconnaissance pousse chacun à rechercher le regard, l’attention et l’admiration d’autrui. Elle prend la forme d’une lutte car elle se situe toujours dans le cadre d’une rivalité avec d’autres.
Le désir égoïste et individuel engendre des tensions dans la société. Il sera considéré comme dépourvu de tout esprit de solidarité et de générosité. Poussés à l’extrême, ces comportements empêchent d’ouvrir les yeux et les mains aux autres.
Durant les périodes d’austérité, le luxe apparaît moins comme le symbole d’une réussite sociale, mais plus comme une insulte à l’endroit de ceux qui sont exposés à de réelles et importantes difficultés. Durant ces périodes de moindre croissance, les comportements changent et la reconnaissance de valeurs plus traditionnelles refait jour, comme la redécouverte de plaisirs simples, de produits naturels, de l’amitié et de la solidarité.