Un poids conséquent dans l'économie française
Le chiffre d’affaires mondial du luxe « traditionnel » - entendu comme l’équipement de la personne, de la maison, les vins et spiritueux, est estimé entre 150 (Eurostaf) et 190 (Bain/Altagamma) milliards d’€uros. Il conviendrait d’ajouter à ce total, les chiffres d’affaires de certains secteurs, notamment les véhicules ainsi que les services, de manière à obtenir une vue probablement plus conforme à la réalité. On pourrait dès lors atteindre un montant de l’ordre de 250 milliards d’€uros.
Les marques françaises entrent pour une part importante du chiffre d’affaires mondial du luxe. Selon l’étude « Eurostaf », les entreprises françaises représenterait 36 % du total, soit une somme avoisinant les 90 milliards d’€uros. Sur un PIB total de la France de 2 032 milliards d’€uros en 2012, la part du luxe représente donc 4,4%.
Le secteur du luxe connait depuis une décennie des taux de croissance annuels à deux chiffres, principalement grâce aux pays émergents. Aucun autre secteur ne connait une telle progression, qui plus est dans la durée.
Le luxe est en plein essor car la Chine, le Brésil, l’Inde ou la Russie décollent, avec l'émergence d'une classe moyenne et aisée, qui aspire à se différencier par la consommation. Le succès de nos entreprises se fait à 75% à l’export, hors d’Europe. Cette tendance va se poursuivre, au rythme de la croissance des pays émergents.
Et, selon le cabinet de conseil Bain &Company, entre 1995 et 2025 le marché mondial des produits de luxe devrait être multiplié par cinq.
Ainsi, le luxe fait partie des principaux points forts de l'économie française. Nous avons interviewé la directrice d'une boutique de luxe qui confirme l'essor de ce secteur (interview à retrouver dans l'onglet "Eloges du luxe").
La force du luxe français, est de jouer sur deux tableaux simultanément : le luxe d’exception, fondé sur de petites séries et sur une logique d'artisanat, et le luxe accessible, qui relève du "marché de masse" et d'une logique plus industrielle. L'un ne va pas sans l'autre : la part de rêve créée par le défilé de haute couture et la robe que l'on ne s'achètera jamais donne ensuite envie de se payer le parfum de la même marque.
De plus, la place de la France dans le marché international du luxe est assurée. Il est fort à parier que les nouvelles puissances économiques (Chine, Inde, Brésil…) ne seront pas de sitôt des acteurs majeurs dans la production de luxe, concept qui est très lié à la culture européenne. Par exemple, l'acheteur d’une montre de luxe, se tourne spontanément vers une montre suisse, en dépit des efforts fournis en la matière par les japonais depuis 40 ans pour monter en gamme : l'histoire, la réputation, la part de rêve ne se rattrapent pas, même à coups de technologie. Lors de la réunion du Comité stratégique de filière (CSF) des industries de la mode et du luxe, qui rassemble l'ensemble des professionnels du secteur, les pouvoirs publics et les organisations syndicales représentant les personnels de la filière, du 9 avril 2013, Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif, a souhaité "saluer les performances des entreprises de luxe, notamment à l'export: la filière mode et luxe représente quelques grands groupes et des centaines de PME qui mobilisent des savoir-faire d'excellence et qui constituent la fondation du made in France dans ce secteur".